Arago. Mémoire sur la vitesse de la lumière //Ann. de Chim. et de Phys., 3e série, t. XXXVII. (Février 1853) (10 dec. 1810)

Arago. Mémoire sur la vitesse de la lumière //Ann. de Chim. et de Phys., 3e série, t. XXXVII. (Février 1853) (10 dec. 1810)

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tions dont je yiens de rendre compte et la supposition qui les explique, se lient d’une manière très-remarquable aux expériences de Herschel, Wollaston et Ritter. Le premier a trouvé, comme on sait, qu’il y a en dehors du spectre prismatique et du côté du rouge, des rayons invisibles, mais qui possèdent à un plus haut degré que les rayons lumineux la propriété d’échauffer; les deux autres physiciens ont reconnu, à peu près dans le même temps , que du côté du violet il y a des rayons invisibles et sans chaleur, mais dont Faction chimique sur le mùriate d’argent et sur plusieurs autres substances est très-sensible. Ces derniers rayons ne forment-ils pas la classe de ceux auxquels il ne manque qu’une petite augmentation de vitesse pour devenir visibles, et les rayons calorifiques ne seraient-ils pas ceux qu’une trop grande vitesse a déjà privés de la propriété d’éclairer? Cette supposition , quelque probable qu’elle puisse d’abord paraître, n’est pas rigoureusement établie par mes expériences, dont il est seulement permis de conclure que les rayons invisibles par excès et par défaut de vitesse,occupent respectivement sur le spectre la même place que les rayons calorifiques et chimiques. 11 est d’ailleurs très-remarquable qu’on eût pu ainsi, et par des observations purement astronomiques , arriver à la connaissance des rayons invisibles et extérieurs au spectre, dont les célèbres physiciens que nous avons cités n’ont reconnu l’existence qu'à l’aide d’expériences délicates faites à l’àide de thermomètres très-sensibles et de substances dont la couleur est altérée par l’action de la lumière.

Je n’ai point comparé , dans ce qui précède, mes expériences au système des ondulations, parce que l’explication qu’on donne de la réfraction repose, dans ce système, sur une simple hypothèse qu’il est très-difficile de soumettre au calcul, et qu’il m’était, par suite, impossible de déterminer d’une manière précise si la vitesse du corps réfringent doit avoir quelque influence sur la réfraction, et, dans ce cas , quels changements elle doit y apporter.

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Je me suis uniquement attaché à montrer qu’en suppo-: sant que les rayons lumineux ne sont visibles que lorsque leurs vitesses sont comprises entre des limites déterminées, mes expériences peuvent se concilier parfaitement avec la théorie newtonienne. Mais si les limites qui déterminent la visibilité des rayons, sont, comme il est probable, les mêmes pour divers individus, l’inégale densité des humeurs vitrées doit faire apercevoir cU# rayons inégalement rapides; il résulterait de là que deux personnes regardant une même étoile, dans le même prisme et dans des circonstances analogues, pourraient la voir inégalement déviée. Le résultat de cette expérience, quel qu’il puisse être, parait devoir fournir quelques données sur le genre de sensation qui nous fait apercevoir les objets. Il m’a semblé que le seul moyen de rendre ces essais bien décisifs était d’y employer des prismes croisés, car les observations peuvent se faire alors avec beaucoup de précision, quelle que soit la grandeur de l’angle réfringent. J’attendrai donc, pour communiquer à la Classe les expériences que j’ai faites sous ce rapport, que le temps m’ait permis d’ajouter les résultats de cette méthode à ceux que j’ai déjà obtenus à l’aide des prismes achromatiques ; je me contenterai de remarquer, pour le moment, que je puis tirer de ce qui précède plusieurs conséquences astronomiques assez importantes.

On voit : i°. Que les aberrations de tous les corps célestes, soit qu’ils nous envoient une lumière propre ou une lumière réfléchie, doivent se calculer avec la même constante, sans qu’il y ait, à cet égard, la plus légère différence, ainsi que je l’avais déduit de mes premières expériences;

2°. Que les phénomènes qu’on a expliqués par une inégalité dans la vitesse de la lumière, tels que l’apparence des étoiles sur le disque de la Lune quelques secondes avant l’instant de l’immersion, les déplacements dans les petites etoiles qui sont très-voisines des grandes , etc., ne peuvent dépendre de cette cause ;

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