Arago. Mémoire sur la vitesse de la lumière //Ann. de Chim. et de Phys., 3e série, t. XXXVII. (Février 1853) (10 dec. 1810)

Arago. Mémoire sur la vitesse de la lumière //Ann. de Chim. et de Phys., 3e série, t. XXXVII. (Février 1853) (10 dec. 1810)

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elle-même, et varier, par conséquent, avec la grandeur et la direction du mouvement des astres; mais l’une des plus puissantes causes de changements dans la vitesse de la lumière, paraît devoir être cependant l’inégale grandeur des diamètres des étoiles.

k; On trouve en effet, par le calcul, qu’une étoile de même densité que le Soleil, et dont le diamètre serait un petit nombre de centaines de fois plus considérable que celui de cet astre, anéantirait totalement par son attraction la vitesse de ses rayons, qui n’arriveraient par conséquent pas jusqu’à nous; une étoile vingt fois plus grande que le Soleil, sans détruire complètement la vitesse des rayons qu’elle aurait émis, l’affaiblirait assez sensiblement pour qu’on dût trouver une assez grande différence entre leur réfraction *et celle des rayons solaires; il suffirait même de supposer que le diamètre d’un astre fût une fois et demie plus grand que celui du Soleil, pour que la vitesse de sa lumière, à la distance qui nous en sépare, fût diminuée de sa -nrir-0 partie, et donnât, par conséquent, naissance à des inégalités de déviation qui, dans le second de mes prismes, s’élèveraient à i5". Or il paraît peu naturel de supposer que Sirius, la Lyre, Arcturus et quelques autres étoiles qui brillent d’un si vif éclat, malgré leur prodigieuse distance , ne sont pas égales au Soleil. Quoi qu’il en soit, on voit qu’à moins d’admettre, comme je l’ai fait, que dans l’infinité des rayons de toutes les vitesses qui émanent d’un corps lumineux, il n’y a que ceux d’une vitesse déterminée qui soient visibles, on ne pourrait expliquer mes expériences qu’en diminuant outre mesure la densité des étoiles ou leurs diamètres; on arriverait, par exemple, à ce résultat singulier, que dans le nombre infini d’étoiles dont la voûte céleste est parsemée, il n’y en a pas une seule de même densité que la Terre, et dont le volume égale en même temps celui du Soleil.

11 ne sera peut-être pas inutile de noter que les observa-

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tions dont je yiens de rendre compte et la supposition qui les explique, se lient d’une manière très-remarquable aux expériences de Herschel, Wollaston et Ritter. Le premier a trouvé, comme on sait, qu’il y a en dehors du spectre prismatique et du côté du rouge, des rayons invisibles, mais qui possèdent à un plus haut degré que les rayons lumineux la propriété d’échauffer; les deux autres physiciens ont reconnu, à peu près dans le même temps , que du côté du violet il y a des rayons invisibles et sans chaleur, mais dont Faction chimique sur le mùriate d’argent et sur plusieurs autres substances est très-sensible. Ces derniers rayons ne forment-ils pas la classe de ceux auxquels il ne manque qu’une petite augmentation de vitesse pour devenir visibles, et les rayons calorifiques ne seraient-ils pas ceux qu’une trop grande vitesse a déjà privés de la propriété d’éclairer? Cette supposition , quelque probable qu’elle puisse d’abord paraître, n’est pas rigoureusement établie par mes expériences, dont il est seulement permis de conclure que les rayons invisibles par excès et par défaut de vitesse,occupent respectivement sur le spectre la même place que les rayons calorifiques et chimiques. 11 est d’ailleurs très-remarquable qu’on eût pu ainsi, et par des observations purement astronomiques , arriver à la connaissance des rayons invisibles et extérieurs au spectre, dont les célèbres physiciens que nous avons cités n’ont reconnu l’existence qu'à l’aide d’expériences délicates faites à l’àide de thermomètres très-sensibles et de substances dont la couleur est altérée par l’action de la lumière.

Je n’ai point comparé , dans ce qui précède, mes expériences au système des ondulations, parce que l’explication qu’on donne de la réfraction repose, dans ce système, sur une simple hypothèse qu’il est très-difficile de soumettre au calcul, et qu’il m’était, par suite, impossible de déterminer d’une manière précise si la vitesse du corps réfringent doit avoir quelque influence sur la réfraction, et, dans ce cas , quels changements elle doit y apporter.



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