Arago. Mémoire sur la vitesse de la lumière //Ann. de Chim. et de Phys., 3e série, t. XXXVII. (Février 1853) (10 dec. 1810)

Arago. Mémoire sur la vitesse de la lumière //Ann. de Chim. et de Phys., 3e série, t. XXXVII. (Février 1853) (10 dec. 1810)

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croyaient celte vitesse infinie ; et leur manière de voir n’était pas, à cet égard, comme sur tant d’autres questions de physique, une simple opinion dénuée de preuves; car Aristote, en la rapportant, cite à son appui la transmission instantanée de la lumière du jour. Cette opinion fut ensuite combattue par Alhazen, dans son Traité d’optique, mais seulement par des raisonnements métaphysiques auxquels Porta, son commentateur, qui admettait ce qu’il appelle l’immatérialité de la lumière, opposa aussi de très-mauvais arguments. Galilée paraît être le premier, parmi les modernes, qui ait cherché à déterminer cette vitesse par expérience. Dans le premier des dialogues delle Scienze Nuove, il fait énoncer par Salviati, un des trois interlocuteurs, les épreuves très-ingénieuses qu’il avait employées, et qu’il croyait propres à résoudre la question. Deux observateurs , avec deux lumières, avaient été placés à près d’un mille de distance: l’un d’eux, à un instant quelconque, éteignait sa lumière; le second couvrait la sienne aussitôt qu’il ne voyait plus l’autre ; mais, comme le premier observateur voyait disparaître la seconde lumière au même moment où il cachait la sienne, Galilée en conclut que la lumière se transmet dans un instant indivisible à une distance double de celle qui séparait les deux observateurs. Des expériences analogues que firent les Membres de l’Àcadémie del Cimento, mais pour des distances trois fois plus considérables, conduisirent à un résultat identique.

Ces épreuves semblent, au premier aspect, bien mesquines, lorsqu’on songe à la grandeur de leur objet; mais on les juge avec moins de sévérité, quand on se rappelle

été invité, à diverses reprises, à le publier ; mais le Mémoire s’étant égaré, jo ne pouvais pas déférer à ce vœu. 11 y a peu do jours qu’en rangeant mes papiers par ordre de matière, on y a retrouvé le Mémoire original de 1810. Je me suis rappelé alors le désir exprimé par les physiciens, et j’ai demandé a rAcadémie la permission de faire paraître mon Mémoire dans le Compte rendu, quoiqu'il date de quarante-deux ans. Je le reproduis ici, malgré toutes sos imperfections, sans y changer un seul mot.

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qu’à peu près à la même époque, des hommes, tels que lord Bacon, dont le mérite <îst si généralement apprécié, croyaient que la vitesse de la lumière pouvait, comme celle du son, être sensiblement altérée par la force et la direction du vent.

Descartes, dont le système sur la lumière a tant d’analogie avec celui qu’on désigne par le nom de système des ondulationsy croyait que la lumière se transmet instantanément à toute distancé; il appuie d’ailleurs cette opinion d’une preuve tirée de l’observation des éclipses de Lune. Il faut convenir que son raisonnement, très-ingénieux, prouve, sinon que la vitesse de la lumière est infinie, du moins qu’elle est plus considérable que toutes celles qu’on pouvait se flatter de déterminer par des expériences directes faites sur la Terre à la manière de Galilée.

Les fréquentes éclipses du premier satellite de Jupiter, dont la découverte suivit de près celle des lunettes, fournirent à Roëmer la première démonstration qu’on ait eue du mouvement successif de la lumière. La connaissance encore très-imparfaite des mouvements des autres satellites, la difficulté d’observer exactement leurs éclipses, et quelques inégalités inconnues qui, en se combinant avec celle qui dépendait du mouvement de la lumière, en masquaient les effets, les rendaient moins saillants, et empêchaient, par conséquent, de la reconnaître, firent quelque temps rejeter la découverte de Roëmer; elle ne fut même généralement admise que lorsque Bradley eut montré que ce mouvement annuel, auquel toutes les étoiles sont assujetties, et qu’on nomme l’aberration, dépend de l’effet combiné du mouvement de la lumière avec celui de l’observateur. La vitesse qu’on avait déduite de ce dernier phénomène différait un peu de celle qu’on obtenait par les éclipses du premier satellite; mais la perfection à laquelle on a porté les Tables, par les travaux de M. Laplace, a permis de revenir sur ces premiers calculs : la constante de l’aberration que M. De-



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