Arago. Mémoire sur la vitesse de la lumière //Ann. de Chim. et de Phys., 3e série, t. XXXVII. (Février 1853) (10 dec. 1810)

Arago. Mémoire sur la vitesse de la lumière //Ann. de Chim. et de Phys., 3e série, t. XXXVII. (Février 1853) (10 dec. 1810)

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le sature de vapeur d’eau ou qu’on l’en prive absolument, en le faisant passer dans des tubes humides ou remplis de corps dessiccatifs, cela tient au frottement qu'il éprouve contre les surfaces au contact desquelles il est exposé.

Il a conclu de ses expériences que ce n’est point en concentrant par évaporation les solutions salines sursaturées, que l’air en détermine la cristallisation, ainsi que l’ont prétendu M. Goskinski et M. Selmi.

M. H. Lœwel ajoute de nouveaux faits à l’appui de cette conclusion.

i°. Si, dans un premier tube, on sature l’air de vapeur d’eau, et que dans un second tube, on l’en dépouille absolument, l’air est devenu adynamiqtie;

2°. Il n’est point devenu adynamique en s’échauffant par la chaleur développée dans sa dessiccation par la potasse caustique;

3°. L’air devient adynamique en passant dans un tube de om,4 à om,5 de longueur sur om,oi5 à om,oi8 de diamètre, rempli de coton : expérience bien propre à démontrer que c’est par le frottement que l’air perd sa propriété dynamique ;

4°. Que cet air arrive dans la solution, raréfié ou plus condensé qu’il ne l’est dans l’atmosphère, ou enfin également condensé ; la cristallisation ne s’opérera pas dans ces trois cas.

MÉMOIRE SUR LA VITESSE DE LA LUMIÈRE;

Par M. ARAGO (i).

La détermination de la vitesse prodigieuse avec laquelle se meut la lumière dans l’espace est, sans contredit, un des plus beaux résultats de l’astronomie moderne. Les anciens

(i) A peine retenu d’Afrique, en 1809, je me livrai fort jeune encore, j’avais vingt-trois ans, à diverses expériences relatives à l'influence do la vitesse de la lumière sur la réfraction. Le résultat de mon travail fut communiqué à la première Classe de l’institut, le 10 décembre 1810. Ce résultat, quoique très-différent de celui auquel je m’e'tais attendu, excita quelque intérêt. M. Laplace me fit l’honneür de le mentionner dans une des éditions de l'Exposition du Système du monde. Notre illustre doyen, M. Biot, voulut bien aussi le citer dans la seconde édition de ton Traité élémentaire d’Astronomie physique. Je crus dès lors que je pouvais me dispenser de publier mon Mémoire.

Depuis cette époque, ce travail étant devenu le point de départ des recherches expérimentales et théoriques qui ont été faites ou projetées dans divers pays, sur l’état dans lequel se trouve l’éther dans4les corps solides, j’ai

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croyaient celte vitesse infinie ; et leur manière de voir n’était pas, à cet égard, comme sur tant d’autres questions de physique, une simple opinion dénuée de preuves; car Aristote, en la rapportant, cite à son appui la transmission instantanée de la lumière du jour. Cette opinion fut ensuite combattue par Alhazen, dans son Traité d’optique, mais seulement par des raisonnements métaphysiques auxquels Porta, son commentateur, qui admettait ce qu’il appelle l’immatérialité de la lumière, opposa aussi de très-mauvais arguments. Galilée paraît être le premier, parmi les modernes, qui ait cherché à déterminer cette vitesse par expérience. Dans le premier des dialogues delle Scienze Nuove, il fait énoncer par Salviati, un des trois interlocuteurs, les épreuves très-ingénieuses qu’il avait employées, et qu’il croyait propres à résoudre la question. Deux observateurs , avec deux lumières, avaient été placés à près d’un mille de distance: l’un d’eux, à un instant quelconque, éteignait sa lumière; le second couvrait la sienne aussitôt qu’il ne voyait plus l’autre ; mais, comme le premier observateur voyait disparaître la seconde lumière au même moment où il cachait la sienne, Galilée en conclut que la lumière se transmet dans un instant indivisible à une distance double de celle qui séparait les deux observateurs. Des expériences analogues que firent les Membres de l’Àcadémie del Cimento, mais pour des distances trois fois plus considérables, conduisirent à un résultat identique.

Ces épreuves semblent, au premier aspect, bien mesquines, lorsqu’on songe à la grandeur de leur objet; mais on les juge avec moins de sévérité, quand on se rappelle

été invité, à diverses reprises, à le publier ; mais le Mémoire s’étant égaré, jo ne pouvais pas déférer à ce vœu. 11 y a peu do jours qu’en rangeant mes papiers par ordre de matière, on y a retrouvé le Mémoire original de 1810. Je me suis rappelé alors le désir exprimé par les physiciens, et j’ai demandé a rAcadémie la permission de faire paraître mon Mémoire dans le Compte rendu, quoiqu'il date de quarante-deux ans. Je le reproduis ici, malgré toutes sos imperfections, sans y changer un seul mot.



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