Arago. Mémoire sur la vitesse de la lumière //Comptes Rendus, 36 (1853): 38-49 (10 dec. 1810)

Arago. Mémoire sur la vitesse de la lumière //Comptes Rendus, 36 (1853): 38-49 (10 dec. 1810)

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j’obtiens ainsi la variation de la déviation en fonction de celle de la vitesse. On trouve par ce calcul, dont je ne puis lire les détails, que rrrrë varia“ tion dans la vitesse de la lumière, devait produire, dans mon premier prisme, un changement de déviation égal à 6" ; cette variation s’élève à près de dans le prisme achromatique quadruple que j’ai appliqué à la lunette du cercle répétiteur: telles seraient donc les inégalités de déviations que je devrais trouver, si les rayons émis par les diverses étoiles que j’ai observées avaient des vitesses qui différassent entre elles de t jÔôü- Or? vitesse de trapslatiôn de la Terre est précisément égale à ce nombre; on sait d’ailleurs que son mouvement est dirigé vers les étoiles qui passent au méridien à 6 heures du matin et vers celles qui passent à 6 heures du son’, de telle sorte cependant qu’elle s’approche des premières et qu’elle s’éloigne au contraire des autres. La déviation, dans le premier cas, doit donc correspondre à la vitesse d’émission augmentée de sa ytro o¥ partie, et, dans le second, à cette même .vitesse diminuée de 10-*00 ; en sorte que les rayons d’une étoile qui passe au méridien à 6 heures du matin, doivent être moins fortement déviés que ceux d’une étoile qui passe à 6 heures du soir, d’une quantité égale à celle qu’occasionne g ^ 0 de changement dans la vitesse totale, c’est-à-dire de i a" dans les observations faites au mural, et de 28" dans celles du cercle répétiteur ; les déviations des étoiles qui passent à minuit devraient d’ailleurs être les moyennes de ces deux-là. ■

Or, en examinant attentivement les tableâux précédents, on trouve que les rayons de toutes lesétoiles sont sujets aux mêmes déviations, sans que les légères différences qu’on y remarque suivent aucune loi.

Ce résultat semble être, au premier aspect, en contradiction manifeste avec la théorie newtonienne de-la réfraction, puisqu’une inégalité réelle dans la vitesse des rayons n’occasionne cependant aucune inégalité dans les déviations qu’ils éprouvent. Il semble même qu’on ne peut en rendre raison qu’en supposant que les corps lumineux émettent des rayons avec toutes sortes de vitesses, pourvu qu’on admette également que ces rayons ne sont visiblés que lorsque leurs vitesses sont comprises entre des limites déterminées : dans cette hypothèse, en effet, la visibilité des rayons dépendra de leurs vitesses relatives, et, comme ces mêmes vitesses déterminent la quantité de la réfraction, les rayons visibles seront toujours également réfractés. ” Quoique les expériences précédentes soient suffisantes pour motiver la supposition que je viens de faire, puisque sans elle on ne pourrait les expliquer, il ne sera peut être pas inutile de montrer que plusieurs autres phénomènes semblent la rendre également nécessaire. - .

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J’observerai d’abord que dans l’évaluation des différences auxquelles doivent donner lieti les inégalités de vitesse, je n’ai tenu compte que du mouvement de translation de la Terre, et que celui de notre système doit, en se combinant avec ce premier, être la source de nouvelles inégalités. Quelques étoiles doivent d’ailleurs se mouvoir dans l’espace avec des vitesses très-considérables, puisque, malgré la petitesse de leurs parallaxes, eJJes sont annuellement assujetties à des déplacements très-sensibles ; la vitesse des rayons qu’elles nous envoient doit donc être la résultante de leur vitesse primitive d’émission combinée avec celle de l’étoile elle-même, et varier, par conséquent, avec la grandeur et la direction du mouvement des astres : mais l'une des plus puissantes causes de changements dans la vitesse de la lumière, paraît devoir être cependant l’inégale grandeur des diamètres des étoiles.

On trouve en effet, par le calcul, qu’une étoile de même densité que le Soleil, et dont le diamètre serait un petit nombre de centaines de fois plus considérable que celui de cet astre, anéantirait totalement par son attraction la vitesse de ses rayons, qui n’arriveraient par conséquent pas jusqu’à nous; une étoile vingt fois plus grande que le Soleil, sans détruire complètement la vitesse des rayons qu’elle aurait émis, l’affaiblirait assez sensiblement pour qu’on dût trouver une assez grande différence entre leur réfraction e’t celle des rayons solaires; il suffirait même de supposer que le diamètre d’un astre fut une fois et demie plus grand que celui du Soleil, pour que la vitesse de sa lumière, à la distance qui nous en sépare, fût diminuée de sa -t 0-*00 partie, et donnât, par conséquent, naissance à des inégalités de déviation qui, dans le second de mes prismes, s’élèveraient à 15". Or il paraît peu naturel de supposer que Sirius, la Lyre, Arcturus et quelques autres étoiles qui brillent d’un si vif éclat, malgré leur prodigieuse distance, ne sont pas égales au Soleil. Quoi qu’il en soit, on voit qu’à moins d’admettre, comme je l’ai fait, que dans l’infinité des rayons de toutes les vitesses qui émanent d’un corps lumineux, il n’y a que ceux d’une vitesse déterminée qui soient visibles, on ne pourrait expliquer mes expériences qu’en diminuant outre mesure la densité des étoiles ou leurs diamètres; on arriverait, par exemple, à ce résultat singulier, que dans le nombre infini d’étoiles dont la voûte céleste est parsemée, il n’y en a pas une seule de même densité que la Terre, et dont le volume égale en même temps celui du Soleil.

Il ne sera peut-être pas inutile de noter que les observations dont je viens de rendre compte et la supposition qui les explique se lient d’une manière très-remarquable aux expériences de Herschel, Wollaston et Ritter. Le

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