Arago. Mémoire sur la vitesse de la lumière //Comptes Rendus, 36 (1853): 38-49 (10 dec. 1810)

Arago. Mémoire sur la vitesse de la lumière //Comptes Rendus, 36 (1853): 38-49 (10 dec. 1810)

Home   Other formats   <<<     Page 45   >>>

  38  39  40  41  42  43  44  45 46  47  48  49 

(45)

J’ai ensuite collé ensemble deux prismes achromatiques, semblables à celui qui avait servi à mes premières expériences; mais, afin de me rendre indépendant, dans ces nouveaux essais, de la connaissance de la déclinaison des étoiles, de celle de l’erreur de collimation qui peut varier dans nos instruments, avec la hauteur de la lunette et de la réfraction, j’ai suivi dans l’observation une méthode différente de la première.

Le nouveau prisme dont je viens de parler était fixé à la lunette d’un cercle répétiteur, de manière cependant que la moitié de l’objectif fût découverte; je pouvais, par cette disposition, observer tantôt à travers l’air, et tantôt à travers le prisme : la différence des deux hauteurs corrigée du mouvement de l’étoile dans l’intervalle des deux observations, me donnait ainsi la déviation sans qu’il fut nécessaire de connaître exactement la position absolue de l’astre observé. Je pouvais d’ailleurs, en commençant ces observations, quelques minutes avant le passage des astres au méridien, les répéter un assez grand nombre de fois pour atténuer en même temps et les erreurs de pointé et celles de division; telle est la méthode qui a servi à former le dernier tableau :

Au cercle répétiteur, 8 octobre 1810.

a de l’Aigle, déviation....

9

Tache de la Lune........

9

2

3

0

Rigel.................

a d’Orion .............

2

8

Je vais maintenant passer aux conséquences qui découlent de tous ces nombres.

On voit d’abord que les inégalités de déviations sont en général fort petites et du même ordre que celles que présentent les observations faites sans prisme : on peut, par cette raison, les attribuer aux erreurs d’observations ; mais supposons-les réelles, pour un instant, et cherchons à quelles inégalités de vitesses elles correspondent.

Je prends pour cela la formule analytique qui exprime la déviation des rayons lumineux, en fonctions des angles des prismes et de leurs forces réfringentes; je la différentie par rapport à la vitesse de la lumière qui entre dans l’expression du rapport du sinus d’incidence au sinus de réfraction, et C. R., I§53, !" Semestre. (T. XXXVI, N° 2.) 7

(46 )

j’obtiens ainsi la variation de la déviation en fonction de celle de la vitesse. On trouve par ce calcul, dont je ne puis lire les détails, que rrrrë varia“ tion dans la vitesse de la lumière, devait produire, dans mon premier prisme, un changement de déviation égal à 6" ; cette variation s’élève à près de dans le prisme achromatique quadruple que j’ai appliqué à la lunette du cercle répétiteur: telles seraient donc les inégalités de déviations que je devrais trouver, si les rayons émis par les diverses étoiles que j’ai observées avaient des vitesses qui différassent entre elles de t jÔôü- Or? vitesse de trapslatiôn de la Terre est précisément égale à ce nombre; on sait d’ailleurs que son mouvement est dirigé vers les étoiles qui passent au méridien à 6 heures du matin et vers celles qui passent à 6 heures du son’, de telle sorte cependant qu’elle s’approche des premières et qu’elle s’éloigne au contraire des autres. La déviation, dans le premier cas, doit donc correspondre à la vitesse d’émission augmentée de sa ytro o¥ partie, et, dans le second, à cette même .vitesse diminuée de 10-*00 ; en sorte que les rayons d’une étoile qui passe au méridien à 6 heures du matin, doivent être moins fortement déviés que ceux d’une étoile qui passe à 6 heures du soir, d’une quantité égale à celle qu’occasionne g ^ 0 de changement dans la vitesse totale, c’est-à-dire de i a" dans les observations faites au mural, et de 28" dans celles du cercle répétiteur ; les déviations des étoiles qui passent à minuit devraient d’ailleurs être les moyennes de ces deux-là. ■

Or, en examinant attentivement les tableâux précédents, on trouve que les rayons de toutes lesétoiles sont sujets aux mêmes déviations, sans que les légères différences qu’on y remarque suivent aucune loi.

Ce résultat semble être, au premier aspect, en contradiction manifeste avec la théorie newtonienne de-la réfraction, puisqu’une inégalité réelle dans la vitesse des rayons n’occasionne cependant aucune inégalité dans les déviations qu’ils éprouvent. Il semble même qu’on ne peut en rendre raison qu’en supposant que les corps lumineux émettent des rayons avec toutes sortes de vitesses, pourvu qu’on admette également que ces rayons ne sont visiblés que lorsque leurs vitesses sont comprises entre des limites déterminées : dans cette hypothèse, en effet, la visibilité des rayons dépendra de leurs vitesses relatives, et, comme ces mêmes vitesses déterminent la quantité de la réfraction, les rayons visibles seront toujours également réfractés. ” Quoique les expériences précédentes soient suffisantes pour motiver la supposition que je viens de faire, puisque sans elle on ne pourrait les expliquer, il ne sera peut être pas inutile de montrer que plusieurs autres phénomènes semblent la rendre également nécessaire. - .



Hosted by uCoz