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( 4o ) est que la lumière se meut uniformément, ou du moins sans aucune variation sensible, dans tout l’espace compris par l’orbe de la Terre; l’excentricité de l’orbe de Jupiter permet d’étendre ce résultat à l’immense intervalle qu’il embrasse. Il est d’ailleurs assez naturel de supposer que les étoiles de diverses grandeurs sont inégalement éloignées; et, comme leurs aberrations absolues, déduites des observations directes, sont sensiblement les mêmes, Bradley en avait conclu que le mouvement de la lumière est uniforme à toutes les distances, et que l’aberration de tous les corps célestes peut se calculer avec la même constante. Quelques astronomes n’avaient cependant pas adopté ce résultat; ils soupçonnaient que les étoiles de diverses grandeurs peuvent émettre les rayons avec différentes vitesses, et il faut convenir que cette idée, surtout dans le système de l’émission, était à la fois naturelle et probable. L’observation directe de l’aberration était peu propre à résoudre cette question d’une manière décisive, puisqu’une différence dans la vitesse de la lumière égale à de la vitesse totale, ne doit produire dans l’aberration qu’une différence de 1", précision qu’on ne peut se flatter de surpasser, même à l’aide des meilleurs instruments; mais, si l’on se rappelle que la déviation qu’éprouvent les rayons lumineux, en pénétrant obliquement dans les corps diaphanes, est une fonction déterminée de leur vitesse primitive, on verra que l’observation de la déviation totale, à laquelle ils sont assujettis en traversant un prisme, fournit une mesure naturelle de leurs vitesses. Cette méthode est d’ailleurs très-propre à rendre sensibles de légères inégalités ; car, comme il est facile de le démontrer, une différence de vitesses égale à produit dans les déviations une différence de 2', en supposant même qu’on n’emploie qu’u,n prisme dont l’angle ne surpasse pas 45'. Telle est aussi la marche que j’avais suivie dans les expériences dont j’eus l’honneur de communiquer les résultats A la Classe, il y a maintenant plus de quatre ans; les rayons lumineux provenant de diverses étoiles, du Soleil, de la Lune, des planètes et des lumières terrestres, avaient subi la même déviation ; les plusgrandes discordances s’étaient élevées à 5", et ce nombre, qui est la somme des erreurs d’observation et de déclinaison, ne correspond d’ailleurs qu’à de changement dans la vitesse et à de seconde sur l’aberration ; j’avais conclu de ces résultats que la lumière se meut avec la même vitesse, quels que soient les corps dont elle émane, ou que du moins, s’il existé quelques différences, elles ne peuvent, en aucune manière, altérer l'exactitude des observations astronomiques. Depuis la lecture de mon Mémoire, M. Calendreli a publié, dans ses | (4i )Opuscules astronomiques, imprimés à Rome, quelques expériences faites par cette méthode, et qui l’ont conduit aux mêmes conclusions, excepté dans ce qui a rapport à la lumière solaire, à laquelle il assigne une réfraction particulière ; mais je me suis assuré que ce dernier résultat, dont on ne saurait admettre l’exactitude, tient à ce que, dans l’obseryation des étoiles, l’astronome romain visait au centre de la lumière jaune, tandis que pour le Soleil, dont il était forcé d’observer le bord, il pointait, au contraire, à une des couleurs extrêmes du spectre : il me suffirait d’ailleurs, pour justifier, indépendamment de ces considérations, le résultat auquel j’étais parvenu, de remarquer que M. Calandreli trouve, ainsi que moi, que les taches de la Lune, que nous n’apercevons que par la lumière du Soleil réfléchie, sont précisément déviées de la même quantité que les étoiles. On voit, au reste, que la certitude des conclusions qu’on tire à l’égard de la vitesse de la lumière, des observations faites à l’aide des prismes, repose sur celle de la supposition qu’une inégalité de vitesse produit une inégalité de déviation, ce qui résulte immédiatement de l’explication que Newton donne de la réfraction ; les expériences que j’ai citées, m’avaient fait entrevoir la possibilité de démontrer ce principe, mais les travaux relatifs à la méridienne me firent abandonner cette recherche, que j’ai reprise depuis mon retour, et dont je vais aujourd’hui communiquer les résultats à la Classe. Mes expériences étaient à peu près achevées, lorsque la lecture d’un des beaux Mémoires que le Dr Young a inséré dans les Transactions philosophiques, m’apprit que M. Robisson, professeur de physique à Édimburgh, avait considéré théoriquement cette question de la vitesse de la lumière*, j’ai, depuis, trouvé, dans divers ouvrages, qu’elle avait été examinée sous différents points de vue par Boscowich, Michell, Wilson et Blair. Avant de parler de mes observations, je crois devoir indiquer les projets qu’avaient publiés à cet égard les physiciens que je viens de citer. L’idée de chercher à s’assurer, par des expériences directes, de l’accroissement de vitesse qu’acquièrent les rayons lumineux en passant d’un milieu rare dans un milieu dense, a dû naturellement se présenter à un très-grand nombre de personnes ; mais Boscowich est, à ma connaissance, le premier qui ait publié à cet égard un projet d’expériences raisonné. Ce physicien avait cru qu’en observant les étoiles à travers une lunette remplie d’eau, on devait trouver, à cause de l’augmentation de vitesse qu’acquièrent les rayons en pénétrant dans ce liquide, une aberration différente de celle qu’on observe lorsque l’espace qui sépare l’objectif de l’oculaire est rempli d’air. Cette même circonstance devait apporter des changements très-sensibles dans la |