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( 7l8 ) comme le verre, afin de constater si la lumière s’y propage aussi avec des vitesses différentes, lorsqu’il est en repos ou en mouvement. C’est dans ce but qu’ont été entreprises les recherches, qui font le sujet du nouvenu Mémoire que je soumets aujourd’hui au jugement de l’Académie. » Quant au mode d’observation, celui qui avait été précédemment employé pour l’air et pour l’eau, pouvait bien s’appliquer aux autres gaz et aux liquides de différente nature, mais il ne permettait pas l’emploi des corps solides. Il a donc fallu recourir à d’autres principes et employer une méthode différente. Voici les principes sur lesquels on s’est appuyé : On sait depuis longtemps, d’après les recherches de Malus, de M. Biot et de sir D. Brewster, que lorsqu’un rayon de lumière polarisée vient à traverser une lame de verre inclinée, le plan de polarisation n’est plus en général le même dans le rayon transmis que dans le rayon incident. Sous l’influence des deux réfractions produites par les deux surfaces de la lame, le plan de la polarisation primitive éprouve une certaine rotation dont la valeur dépend simultanément : i°de l’inclinaison du rayon sur la lame de verre ou de l’angle d’incidence ; 2° de l’azimut du plan de la polarisation primitive rapportée au plan de la réfraction; 3° de l’indice de réfraction de la matière dont la lame est formée. » C’est surtout l’influence de l’indice de réfraction qu’il convient de considérer pour le sujet qui nous occupe. L’angle d’incidence et l’azimut restant les mêmes, la rotation est d’autant plus grande, que la matière dont la lame est formée possède un indice de réfraction plus élevé; et comme l’indice de réfraction d’un corps est inversement proportionnel à la vitesse de la lumière dans ce milieu, il suit de là que la valeur de la rotation est subordonnée à la vitesse avec laquelle la lumière se propage dans la substance considérée, cette rotation étant d’autant plus grande, que la vitesse de la lumière y est plus faible. Si donc la vitesse de la lumière vient à varier par une cause quelconque à l’intérieur delà substance, on peut prévoir que la rotation subira une variation correspondante, et l’étude de la vitesse de la lumière peut être ainsi ramenée à l’observation d’un phénomène facile à constater, comme la rotation du plan de polarisation.” » Examinons maintenant, comment ce principe peut être appliqué à la recherche des petites variations de vitesse, que peut éprouver la lumière lorsqu’elle traverse un corps solide en mouvement. » Avant tout, il a paru nécessaire de déterminer le changement apporté à la valeur de ta rotation, par un accroissement ou une diminution dans la valeur de l’indice de réfraction. Des mesures diréctes et comparatives des indices | ( 719 ) de réfraction et des rotations, pour le flintet le verre ordinaire, sont rapportées dans le Mémoire; elles montrent que l’indice venant à augmenter d’une petite fraction, la rotation augmente d’une fraction 4 fois et demie plus grande. » Cherchons main tenant quel est le changement de vitesse que l'on peut attribuer à un rayon de lumière, dans l’intérieur du verre, lorsqu on suppose ce corps en mouvement. >• Bien qu’aucune expérience positive n’ait encore décidé la question, les probabilités les plus grandes autorisent à supposer, que le mouvement du milieu doit: donner lieu pour le verre à un changement de vitesse du rayon intérieur, analogue à celui que l’expérience a constaté pour l’eau, et que ce changement doit se faire, pour l’un comme pour l’autre milieu, suivant l’hypothèse conçue par Fresnel, comme la plus propre à expliquer à la fois le phénomène astronomique de l’aberration de Bradley et l’expérience négative d’Arago sur la réfraction de la lumière des étoilés par un prisme de verre : réfraction que ce grand physicien avait supposé devoir être influencée par le mouvement de la terre dans son orbite, et que l’expérience a montré èlre parfaitement constante, » On est donc autorisé à employer la formule de Fresnel, pour prévoir la valeur du changement de vitesse que peut éprouver le rayon intérieur du verre sous l’influence du mouvement. » La plus grande vitesse d’un corps matériel qu’il nous soit donné de faire intervenir dans nos expériences, est certainement la vitesse de translation de la terre dans son orbite, vitesse que notre esprit peut à peine concevoir et qui n’est pas moindre en effet de 3iooo mètres par seconde. Ce mouvement, qui est insensible à nos yeux, parce que nous en sommes animés simultanément avec tous les objets qui nous entourent, a lieu suivant une direction qui, pour nos instruments, varie sans cesse et. avec l’épo que de l’année, et avec l’heure du jour, mais qu’il est toujours facile de déterminer. A l’époque des solstices, par exemple, la direction de ce mouvement se trouve être horizontale, et de l’est à l’ouest à l’heure de midi; de sorte que dans ces circonstances, une lame de verre recevant un rayon de lainière venant de l’ouest, doit être considérée comme se mouvant réellement d’une vitesse de 3iooo mètres par seconde, dans un sens contraire à celui de la propagation de la lumière. Si au contraire le rayon incident vient; de l’est, le verre doit être considéré comme se mouvant avec cette même vitesse, dans la même direction que la lumière. » Voici pour le verre le changement de rotation correspondant au clum- 94.. |